Une DPC - ou Déclaration de Politique Communautaire - est un plan établi par un nouveau gouvernement pour présenter les changements qu’il veut apporter au niveau communautaire dans les domaines pour lesquels il est compétent.

Pour rappel, la Belgique est composée de trois Régions (Wallonie - Flandre - Bruxelles-capitale) et de trois Communautés (française - flamande - germanophone). Ici, la DPC concerne la Communauté française, aussi appelée la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ces Régions et ces Communautés ont chacune des compétences propres : en ce qui concerne la Communauté française, cette dernière est notamment compétente dans les domaines liés à l’enseignement, la jeunesse et la culture pour les personnes rattachées à des zones francophones de Belgique.


Ainsi, la DPC nous permet de voir dans les grandes lignes ce que le nouveau gouvernement de la FWB a prévu en matière d’enseignement obligatoire, d’enseignement supérieur, de culture, de sport, de médias, etc..

  • La DPC de la législature 2024-2029

     

  • Enseignement obligatoire

La continuité du Pacte pour un enseignement d’excellence est évidemment une question centrale en matière d’enseignement secondaire et fondamental.

Ainsi, une période d’évaluation des dernières nouveautés du Pacte sera prévue pour prévoir d’éventuels “ajustements”.

En parallèle à cette évaluation, un point d’honneur sera mis à la précision des modalités de fin de tronc commun ainsi qu’à la réforme de l’enseignement qualifiant, mais aussi à la lutte contre la pénurie des enseignants et la valorisation des métiers au sein de la communauté scolaire.

Le mot d’ordre pour l’enseignement obligatoire est donc “autonomie”, soit une simplification administrative et une responsabilisation des différents acteurs de l’école, pour “concentrer leurs efforts sur [les] élèves et le développement de leurs compétences, au sein d’une école fondée sur les principes du respect, de l’exigence, de l’équité et du bien-être”.

Voici quelques exemples de projets pour l’enseignement :

  • Revalorisation et modernisation du métier d’enseignant : dans le but de lutter contre la pénurie d’enseignants, l’objectif est d’améliorer les conditions de travail et de renforcer l’attractivité du métier, notamment en mettant fin - à terme - au poste statutaire.

  • Simplification administrative - autonomie des écoles : l’objectif ici est de laisser davantage d’autonomie aux directions et aux équipes pédagogiques en leur laissant plus de leste au niveau administratif ainsi qu’en accélérant la cadence au niveau de la codification des nouvelles législations de droit de l’enseignement (pour diminuer le nombre de circulaires transmises aux écoles) .

  • Réformes du Pacte : en plus de l’évaluation des dernières réformes du Pacte, un accent sera mis en priorité sur les actions qui ont pris du retard (notamment à cause du Covid) telles que une mise en oeuvre uniformisée de l’enseignement différencié, accompagner plus d’écoles en besoin de dispositif d’ajustement, ou encore soutenir et réaffirmer le rôle des CPMS (qui n’auront plus pour mission l’orientation des élèves).

  • Enseignement spécialisé : l’objectif fixé est de réduire le pourcentage d’élèves inscrits au sein de l’enseignement spécialisé pour revenir au taux de 2004 d’ici 2030 (soit de passer de 4,1% à 3,6% d’élèves), mais également d’améliorer l’accès à celles-ci et de s’assurer d’une meilleure répartition géographique de ces écoles.

  • Tronc commun : dans la continuité du Pacte pour un enseignement d’excellence, il est prévu de renforcer les apprentissages jusqu’en troisième secondaire en monitorant les différents référentiels, et notamment les apprentissages polytechniques et artistiques, mais aussi d’améliorer le soutien scolaire et d’instaurer un stage d’observation d’une durée de 5 jours pour entamer le projet d’orientation des élèves.

  • Langues : un accent particulier sera également porté sur l’apprentissage des langues officielles de la Belgique en rendant l’apprentissage du néerlandais ou de l’allemand obligatoire, et ce même après le tronc commun.

  • Numérique : dans le cadre de la Stratégie du Numérique pour l’Education (SNE), la FWB compte bien continuer à renforcer les compétences et les connaissances des élèves, mais aussi du personnel éducatif, en matière de numérique, notamment en déployant au mieux les politiques d’équipement numérique individuels et collectifs, et le déploiement de la connectivité, tout en prévoyant un volet de sensibilisation à l’utilisation des écrans et d’internet.

  • EPC : le cours d’éducation à la philosophie et la citoyenneté comprendra des activités invitant au dialogue interconvictionnel et l’apprentissage de l’histoire des courants religieux.

  • Évaluations : une nouvelle certification externe commune (comme le CEB, le CE1D ou le CESS) sera prévue en fin de 3ème primaire ainsi qu’en fin de 3ème secondaire pour évaluer les compétences du tronc commun et présenter un projet d’orientation, le CEB inclura dorénavant une dimension pluridisciplinaire et polytechnique, le seuil de réussite des évaluations externes certificatives passera à 60%, et la pertinence de l’interdiction des évaluations la semaine de la rentrée sera réévaluée.

  • Projets et orientations : la 3ème secondaire deviendra une réelle année de transition où les élèves pourront d’ores et déjà s’orienter pour la suite de leur parcours ; cette 3ème année comportera donc un socle minimal d’activités communes incluant un grand nombre d’activités “orientantes”.

  • L’après-tronc commun : un point d’attention a également été porté sur l’après-tronc commun évidemment, puisqu’il ne restera que deux filières, le Qualifiant et la Transition, l’une ayant pour vocation de former l’élève directement à un métier, et l’autre de préparer aux études supérieures, qui seront certifiées toujours par un CESS commun, mais également par un certificat de qualification (CQ) ou un certificat de transition (CT), assurant ainsi une meilleure orientation (en mettant également des outils en place, comme un bilan de compétences en fin de rhéto, ou un test d’orientation obligatoire).

  • Climat scolaire : le bien-être et la climat scolaire seront mis à l’honneur, et les objectifs sont donc, entre autres, de réguler le nombre d’élèves par classe en fixant un minimum et un maximum, instaurer une véritable politique d’amélioration du climat scolaire et de lutte contre le (cyber)harcèlement, suivre le déploiement de l’EVRAS, inciter les écoles à interdire les téléphones et autre appareils connectés.

  • Rythmes : un travail en collaboration avec les communautés flamande et germanophone sera amorcé pour harmoniser les différents rythmes scolaires, mais également une réflexion sur de nouveaux rythmes journaliers en accord avec le rythmes bio-chronologique des élèves, et enfin assurer un accueil pour les élèves jusqu’à leur 14 ans jusqu’à 17h en semaine, notamment en décloisonnant l’enseignement, les écoles de devoirs (EDD) et le secteur de l’accueil temps libre (ATL).

  • Infrastructures : la FWB veillera également à fournir des repas scolaires de qualité en privilégiant les circuits courts et les produits locaux, d’améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments scolaires, et essayer de faire diminuer le taux d’enseignement à domicile de 50%.

     

  • Enseignement de promotion sociale

Le nouveau gouvernement de la FWB prévoit de renforcer et d’optimiser l’EPS : ici aussi, un allègement administratif sera de mise, ainsi qu’une meilleure cohérence entre les différents opérateurs pour passer d’une logique de concurrence à une logique de complémentarité au sein des formations qu’ils proposent.

L’EPS passera également par une phase de modernisation, et changera notamment de nom ! L’offre de formation sera plus dynamique pour s’adapter aux mieux aux demandes du monde du travail, proposant tant de la formation continue que des prérequis pour les sections diplômantes, ainsi que des micro-formations.

  • Jeunesse

Le secteur de la jeunesse sera mis en parallèle avec l’enseignement en tant que partenaires de l’éducation formelle des jeunes. La notion de CRACS (citoyens responsables, actifs, critiques et solidaires) y prendra une place centrale.

Il est ainsi prévu de revoir la place, l’organisation et les missions des organisations de jeunesse et des centres/maisons de jeunes en entamant une réflexion avec le secteur. De nouveaux défis seront définis, et notamment la lutte contre toutes les formes d’extrémisme “dont ceux de gauche et de droite”. La FWB assurera également une meilleure répartition géographique des organisations de jeunesse pour que certaines zones géographiques moins couvertes actuellement aient une meilleure offre en termes d’organisations de jeunesse.

La simplification administrative est également de mise pour le secteur jeunesse, qui bénéficiera d’un accompagnement en continue de l’administration. Les financements structurels seront notamment préférés aux financements ponctuels pour plus de sécurité au sein du secteur. Il y a également une volonté de valoriser l’engagement citoyen au niveau personnel et/ou professionnel.

Enfin, le secteur de la jeunesse prendra part aux discussions relatives aux nouveaux rythmes journaliers.

  • Numérique

Une attention particulière sera portée au numérique durant cette législature. Ainsi, les connaissances en informatique du personnel éducatif seront renforcées, et l’enseignement du numérique se fera dès le fondamental.

L’éducation aux médias passera également par l’éveil à l’utilisation sécurisée des outils informatiques mais aussi par la lutte contre la désinformation et le cyberharcèlement. Ainsi, les écoles seront fortement incitées à interdire l’utilisation récréative des téléphones portables et autres appareils électroniques.

  • Arts et culture

La mise en oeuvre du PECA (Parcours d’Éducation culturelle et artistique) sera évidemment poursuivie, et elle sera fluidifiée et clarifiée, la places des artistes dans l’école sera moins cadrée et le volet administratif simplifié, et la formation initiale des enseignants sera adaptée pour développer la créativité des élèves.

La FWB souhaite également rendre la culture plus populaire, notamment auprès des jeunes, et des initiatives seront donc prises dans ce but : des pass seront prévu pour que les jeunes de moins de 25 ans aient des prix réduits pour accéder aux musées, et le programme d’aide et de diffusion “Spectacles à l’école” sera renforcé et refinancé pour sensibiliser les élèves au théâtre dans le cadre du PECA.

  • Médias

Pour lutter contre la désinformation et la montée des extrêmes, le nouveau gouvernement prévoit une éducation aux médias de grande ampleur : des projets tels que “Ouvrir mon quotidien” et “Journalistes en classe” seront donc reconduits, et des projets et initiatives relatifs à l’éducation aux médias seront encouragés.



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